20h30 — J’attrapai mon nouveau sac Gucci et descendis les escaliers à toute vitesse. Je débouchai alors dans la rue pleine de monde. On était à Manhattan et c’était le début de soirée, les rues étaient bondées, rien de plus normal. Je souris intérieurement en voyant le monde se bousculer l’air contrarié. Je me sentais en pleine forme, je battais le pavé d’un pas déterminé et mes talons résonnaient sur le sol humide. Il avait plue dans la journée et le soleil pointait enfin le bout de son nez à l’horizon. Mais il était trop tard, la nuit tombait. Je regardai ma montre puis relevai la tête et me frayait un chemin parmi la foule. Enfin, non. Ça ne se passait pas comme ça, la foule me laissait passer. Oui, c’était moi, Mimi Force et on ne me bousculait pas. Je venais de quitter la demeure « familiale » où Jack était assis sur la canapé avec un de ses bouquins dans les mains. Je ne lui avait pas demander où il sortait ce soir, parce que je le savait. Je savait tout depuis un bout bout de temps maintenant... Théodora, cette petite peste... Malgré les épreuves qu’elle avait traversées. Je me dis alors que tout était mieux ainsi mais le règlement existaient et les liens ne pouvaient être rompus... J’arrivai alors au café qui faisait l’angle avec la rue où se trouvait le lycée, j’achetai rapidement quelque chose à boire et sortit du magasin.

Seulement, alors que je passai devant les grilles du lycée, j’eus l’irrésistible envie de franchir les grilles. Et de pénétrer dans l’enceinte du lycée. Le toit était en endroit très calme où l’on pouvait se reposer et réfléchir tranquillement. Personne ne savait que j’allais là-haut. Et cela devait rester mon secret. Je ne me voyait pas divulguer à tout New-York que je montais sur le toit de Duschesne parfois pour m’aérer les esprits. Non. Alors je jetai un coup d’oeil rapide derrière moi et pénétrai dans l’enceinte.

21h45 — J’arrivai rapidement en haut. Le soleil se couchait, c’était magnifique. Cela me rappela les fois où je regardai avec Jack le coucher de soleil, mais cette époque était révolu, il ne vivait que pour l’autre... Je m’asseyait alors sur le rebord du toit, les jambes dans le vide. Mes yeux se perdirent dans le vague et je sombrai dans une étrange torpeur. Pour une fois je me sentais apaisée, calme. Il n’y avait que très peu de temps pour se reposer à Azraël... je frissonnais légèrement lorsque un souffle de vent vint ébouriffer mes cheveux... A ce moment-là, je n’avait plus envie de me battre mais ce sentiment allait disparaître aussi rapidement qu’il était venu. La menace était là, tout près...

Je lui jetai rapidement un coup d’oeil. Alors comme ça, j’étais sexy en mini-jupe? Il n’étais pas le seul à me le dire. Seulement, venant de Kingsley, je me sentis légèrement désarçonnée: je ne savais pas s’il disais cela sincèrement (et je ne le pensais vraiment pas) ou bien s’il me taquinais encore... Je me sentis encore plus mal quand je réalisai que je venais de me confier à lui, je lui dévoilai mes pensées (enfin non loin de toutes bien sûr). Je détournai légèrement la tête pour ne pas le fixer une nouvelle fois dans les yeux et mon visage se referma. Mais intérieurement je savais deux choses: un, j’étais irrémédiablement attiré par lui. 2, cela ne m’étais encore jamais arrivé de me détourner de Jack et 3, je savais que je devais résister à cette tentation nouvelle. Cependant, il fallait bien avouer que Jack n’omnibulait plus complètement mes pensées même si je me sentais mal quand je le trouvai en présence de la Sang-Mêlée... J’esquissai un petit sourire lorsqu’il me conforta sur le fait qu’il ne dévoilerait pas au monde que Mimi Force venait sur le toit de Duschesne pour se vider la tête. J’appréciai son geste, mais je ne le pensais pas non plus capable d’un tel acte. Seulement, c’était un Sang-d’Argent.

« Ça me fait plaisir que tu veuille bien garder ce petit détail pour toi. Notamment parce que si tu t’amusais à clamer ça haut et fort sur tout les toits, sache que je peux également me permettre de révéler des détails te concernant.. » ajoutai-je en lui envoyant un clin d’oeil taquin.

Je redevins un peu plus sérieuse lorsque Kingsley m’autorisa à lui poser cette question. Je tournai ma tête dans sa direction et plantai mon regard pâle dans le sien. J’ouvris la bouche mais j’eus du mal à expulser ces paroles, si bien que je murmurai quand je lui demandai.

«  Je suis sérieuse Kingsley. Je...je ne voudrai pas que tu le prenne mal. »

 

Je le regardai acquiescer, alors je posai ma question.

« De quoi...se nourrissent les Sang-d’Argent? Je veux dire, vous pratiquez toujours le Caerimonia sur des humains? »

Je laissai ma question en suspend, attendant sa réponse tout en le regardant s’étendre un peu plus sur le rebord du toit.

Evidemment c’était du chantage, et je n’avais effectivement que très peu d’informations sur le vampire assis à mes côtés. Mais j’apprenais à le connaître de plus en plus. Au tout début, je ne pouvais pas l’encadrer: comme toutes les personnes qui semblaient attirer les regards vers autre que moi. Il était insignifiant pour moi. Et puis, sa véritable identité fut révélée, je le considérais alors comme un traître. Mais j’appris ensuite qu’il état repenti sous les ordres de Michel, le Coeur Pur, mon « père » dans ce cycle.

« Oh, tu ne sais rien. Je connais plus de chose que tu ne le pense » dis-je alors en m’approchant dangereusement de lui, le regard allumé d’une vive lueur.

J’esquissa un petit sourire mais je fus gênée lorsqu’il détourna ses yeux à ma question. J’essayai pourtant de prendre le plus de précautions possibles. Je l’observai, Kingsley regardait maintenant la ville et le coucher de soleil qui s’annonçait derrière les haut buildings projetant ainsi une vive lumière orangée dans tout Manhattan. Je me doutais aussi qu’il ne souhaitai pas trop en révéler sur son passé, ses pratiques anciennes mais je voulus l’écouter, entendre les secrets que l’on essayait de nous cacher tant bien que mal.

Je n’ajoutai rien après qu’il m’eut en partie répondu. En fait, je le savais déjà. Inconsciemment. Je posai mon regard insistant sur lui. Je dépliai alors mes longues jambes dans le vide, et me rapprochai un peu plus de Kingsley, lui tendant mon cou.

« Et, ça t’arrive d’être tenté? » ajoutai-je d’un air désinvolte alors que j’étais à la fois terrifiée et toute à fait excitée par ce nouveau danger.

Je plongeai ainsi mon regard sur ses lèvres, attendant les mots interdits. Et si jamais...